Le 15 février 2023, dans la soirée, l’Inspection générale des finances (IGF) a rendu public sur son site, le sulfureux rapport sur les contrôles menés par ses équipes sur le contrat chinois, qualifié « contrat du siècle ».
Au terme de ce rapport, l’IGF démontre, chiffre à l’appui, que ce contrat loin d’être gagnant-gagnant a plus profité à la partie chinoise qui a réalisé des bénéfices de 12 milliards en 16 ans, dont 9,2 milliards pour les entreprises chinoises, 2,5 milliards pour les banques chinoises et la RDC ne s’est contentée que de 822 millions en termes d’infrastructures construites dont la plupart sont invisibles sur le terrain.
Entretemps, à la signature de ce contrat en 2008, la partie chinoise avait, entre autres obligations, de construire 5 000 logements sociaux, 2 barrages hydroélectriques à Katende et Kakobola, construction de 3700 km de rails, construction de 145 centres de santé en raison d’un centre par territoire, construction de 31 hôpitaux de 150 lits chacun, réhabilitation complètes des aéroports de Goma et Bukavu, construction des universités modernes. Pour toutes ces réalisations, la RDC mettait ses ressources minières en jeu.
A la signature de ce contrat, selon l’IGF et le coordonnateur Moïse Ekanga, la partie chinoise avait mis à disposition 6 milliards USD dont 3 milliards pour l’exploitation et 3 autres pour les infrastructures en RDC.
Selon le rapport de l’IGF, les 3 milliards affectés à l’exploitation minière ont été consommés, mais les 3 milliards destinés aux infrastructures congolaises sont introuvables sur le terrain, à cause des pratiques de surfacturation, notamment pour la réhabilitation de l’hôpital du Cinquantenaires aurait coûté 114 millions USD.
MOÏSE EKANGA LE PREMIER SUSPECT
Coordonnateur du Bureau de coordination et de suivi du contrat sino-congolais, expert au moment de négociation de ce contrat, secrétaire exécutif, Moïse Ekanga Lushima (sénateur) ne sait pas dire où sont passés les 3 milliards destinés aux infrastructures congolaises.
Tout ce que l’ex-coordonnateur du Bureau de coordination et de suivi de contrat sino-congolais peut certifier est que les frais destinés aux infrastructures devaient être remboursés et comme la RDC n’avait pas de moyens, elle a mis à disposition des entreprises chinoises des concessions minières pour exploitation.
Lorsqu’on évoque les chiffres, Moïse Ekanga se disculpe, et rejette la responsabilité à l’Agence congolaise de grands travaux (ACGT).
« Les gens croient que c’est Moïse Ekanga qui a géré l’argent. Il faut voir à l’ACGT qui exécute les travaux dans le cadre du contrat chinois », s’est-il disculpé.
Mais ses dénégations cachent mal l’agitation qui s’est installée dans son être depuis que le rapport IGF a crevé l’abcès. Il mérite d’être entendu sur procès-verbal, car il en sait un peu trop. Il le dit lui-même qu’il était expert du gouvernement congolais au moment de la négociation de ce contrat, en plus du fait que le gouvernement l’a chargé d’en assumer la coordination et le suivi pendant 17 ans.
Mais comme par amnésie, il ne connait rien de la gestion du fameux contrat. C’est quand même trop beau pour être vrai !
LA RESPONSABILITÉ DE MUZITO, MATATA, KATUMBI, KASAMBA
Toutefois, il convient de relever que le rapport de l’IGF n’a cité personne nommément.
Il s’est limité à soupçonner la complicité de certains compatriotes qui auraient aidé les entreprises chinoises dans l’œuvre de bradage et dilapidation des ressources minières de la RDC.
Et c’est l’Observatoire de la dette publique (ODEP) qui rappelle qu’en 2008, Muzito était Premier ministre et Matata, ministre des Finances devenu Premier ministre quelques années après et Katumbi, gouverneur de la province du Katanga où a eu lieu, en grande partie, l’exploitation des ressources minières qu’on dit aujourd’hui bradées.
Peut-on soutenir jusqu’au bout que l’exploitation a eu lieu dans le Grand Katanga et que le gouverneur n’en soit pas du tout informé.
De même, Augustin Matata, ministre des Finances de l’époque, puis Premier ministre pouvait-il ne pas être mis au parfum d’un dossier aussi important qui relèverait de sa zone d’influence ? En tout cas, pas si sûr, connaissant bien comment le dossier se traite et se négocie dans ce Congo qui-se-veut-démocratique.
Alors que l’ordonnance créant le B.
C.P.S.C stipule à son 1er Article : le B.C P.S.C est un service public à caractère administratif et financier, jouissant d’une autonomie administrative et financière et placé sous la tutelle du Premier ministre.
Que dirait-on de d’Adolphe Muzito, alors Premier ministre de 2008, sous le règne de qui ce contrat a été négocié, peut-il se regarder dans la glace et jurer n’avoir pas tremper dans ce dossier?
Sur la liste, il y a aussi Jean-Marie Kassamba qui a assumé les responsabilités de coordonnateur de la direction ou cellule de communication pour la visibilité de « Cinq chantiers » durant les 16 ans. C’est même dans ces entrefaites que Télé 50 s’est mise en vedette pour la visibilité de Cinq chantiers.
Tout le monde est concerné, mieux coupable d’une manière ou d’une autre, mais personne ne veut assumer la responsabilité. Toutefois, personne ne les a cités, pourquoi alors s’agitent-ils outre mesure ?
Vivement des enquêtes sérieuses pour démanteler tout le réseau de compatriotes qui a trempé dans cette magouille aujourd’hui dénoncée par l’Inspection générale des finances.
Gauthier Sey/Netic-news.net